UN TOUR DE CEVENNES 

(le GR 67) 

Un chevreuil traverse tranquillement la route. La neige a maintenant disparu et c'est par un beau chemin en lacets longeant des escarpements rocheux que je m'écarte un peu du GR67 pour rejoindre le gîte "Anesvales" où je suis hébergé ce soir. Le hameau des Ayres, situé au-dessus voit passer la draille du Languedoc qui remonte vers le col de Jalcreste et le signal du Ventalon (voir notre parcours sur le chemin Urbain V de l'an dernier). 

Le gîte, comme son nom l'indique élève des ânes et organise des activités autour d'eux. On s'occupe aussi, et bien, des randonneurs. Je suis le seul à pied et je prendrai mon repas avec un couple motorisé qui est en chambre d'hôtes, la patronne et une jeune femme qui la seconde. Conversation fort intéressante notamment sur les drailles. 

Alors, parlons "drailles". Les Cévennes en comptent un grand nombre et lors de mon aller-retour sous la pluie à partir d'Aire de Côte, j'étais sur, où à proximité immédiate, de la draille de Margeride. Aujourd'hui, je suis en contrebas de la draille du Languedoc. Ces deux drailles ont été très importantes. Elles ont permis aux animaux d'abord sauvages (y compris les animaux préhistoriques !) puis domestiqués de remonter depuis le Languedoc et sa chaleur estivale vers les territoires plus aérés de la Margeride et de l'Aubrac (entre autres). 

Le lien ci-dessous vous donne une description exhaustive de la draille de Margeride. A Aire de Côte, nous étions sur la "collectrice de l'Asclié" (du col de l'Asclié, où nous passerons à la fin de notre boucle, à Florac)  C'est-à-dire sur le tronçon unique qui a reçu depuis le bas quantité de branches venant du Languedoc et qui passé Florac se divisera à nouveau en de nouvelles branches vers les "verts herbages". Les drailles sont un vaste sujet et toute une littérature locale s'en est emparée. Vous aurez certainement compris que cela me passionne ! 

Chevaux blancs et neige ... blanche ! 

Cette nuit le vent a dû souffler très fort. En témoignent ces cordons de neige encore plaqués sur les arbres alors que la température est remontée au-dessus de zéro. 

Petit-déjeuner sous la tête du cerf qui pesait 305 kilos de son vivant. Les motards me demandent ingénument si leurs chants ne m'ont pas dérangé. Je réponds non et , c'est vrai. 

Il a neigé cette nuit et renseignement pris auprès du patron cela ne devrait me poser aucun problème d'autant que, hormis le vent, la météo va être bonne. 

Le gîte d'Aire de Côte est spacieux, parfaitement aménagé et les gestionnaires sont d'une amabilité hors norme. Tout ça est fort bien mais ... , la pluie prévue est bien là le matin lorsque je me lève. Pluie fine, dense, accompagnée d'un fort vent. 

Mon étape vers Barre-des-Cévennes fait 25 kilomètres et ne présente pas de difficultés particulières. Protégé du vent par la dense forêt de résineux du mont Aigoual, je progresse donc sur une bonne piste forestière qui se confond, ou reste proche de la draille de Margeride qui bien sûr reste en crête. Donc pas de dénivelé (toujours entre 1 000 et 1 100) mais une pénétration lente et progressive de l'humidité dans mes habits (par capillarité depuis mes chaussures et sous la cape du fait de la condensation provoquée par la pluie froide et la chaleur de mon corps). En clair, je suis mouillé des pieds à la tête. 

Et c'est l'arrivée au col de Salidès après avoir parcouru 9 kilomètres. A cet endroit passe une petite route et la végétation disparaît. Je suis accueilli par une bourrasque qui manque de me précipiter à terre. 

Une décision s'impose. J'ai encore 16 kilomètres à faire sur une crête avec beaucoup moins d'arbres et avec aucun abri, même sommaire pour me restaurer. La décision est rapidement prise, c'est demi-tour. Donc, 9 kilomètres dans l'autre sens avec toujours la même pluie. A Aire de côte, je peux me changer, manger mon pique-nique et l'après-midi le patron, avec sa camionnette me conduira à l'hébergement que j'avais retenu à Barre des Cévennes.  

Accueil chaleureux avec café, pousse-café. Mes habits trempés sont mis à la chaufferie et, sur ces entrefaites arrive le groupe de motards nîmois prévu. Ils sont une douzaine et ils avaient prévu de sillonner les Cévennes durant le week-end. Ils vont le faire mais sous la pluie. Ils vont noyer leur chagrin dans la consommation des différentes boissons mises à leur disposition. Je suis la bête curieuse : comment peut-on encore marcher à notre époque ? 

J'ai un dortoir pour moi tout seul et, c'est une bonne chose car ils vont chanter jusqu'à une heure avancée de la nuit. Je les entendrai peu de temps car mon équipée sous la pluie me permettra de m'endormir fort  rapidement. 

Après le hameau de Cabrillac, il y a eu de nombreux incendies. Un pont herbeux et c'est l'entrée dans la forêt qui entoure le Mont Aigoual. Ici la nature est violente et le chemin mal pratique en dévers que j'emprunte est couvert de feuilles et nécessite des précautions pour éviter les chutes. 

Et c'est l'arrivée au gîte d'Aire de Côte que le lien ci-dessous vous présente. 

Le GR 66 parti de 700 mètres d'altitude va monter très progressivement jusqu'à 1 200 mètres en cheminant sur une crête et en laissant de part et d'autre de beaux vallons. 

Un chevreuil s'écarte sans vraiment se presser tandis que depuis une estacade aménagée pour admirer le paysage, un chevreuil mâle, surpris, me laisse le temps de le photographier. Il partira ensuite comme un fou en poussant des cris étranges. 

C'est par ce pont médiéval (presque mille ans d'âge !) que je quitte le gîte de "La Draille". La veille, une petite reconnaissance m'avait permis de trouver le chemin me conduisant sur mon GR sans redescendre à Meyruès et me permettant aussi d'emprunter ce bel ouvrage. Le lien vous en dit plus. 

C'est de Meyruès que je pars vers mon Tour "de" Cévennes après avoir réglé son compte à mon Tour "de" Causses. Cette première page va nous mener jusqu'aux Ayres, hameau dépendant de la commune de Sainte-Croix-Vallée-Française et situé sur la crête descendant du col de Jalcreste que nous avions emprunté lors de notre chemin Urbain V. 

Comme dit dans la présentation la météo va être "contrastée" (du grand beau à la tempête de neige). 

Meyrues aux Ayres