A notre retour à l’hôtel, Théo est là. Après une mauvaise nuit, son genou est très enflé, il a donc préféré consulter et il doit abandonner. Nous dînons ensemble. Il rejoindra Compostelle par les transports. Il veut y passer quelques jours avant de rentrer.
Demain, c'est la visite de Tolède. Nous avons pas mal de photos mais beaucoup ne sont pas probantes car, comme déjà dit, les photos de monuments en ville, c'est une affaire de "pro" avec du matériel de "pro". Nous vous invitons donc à consulter les liens "wikipédia" qui vous offrent de belles photos agrandissables. Mais, le mieux pour vous ce serait d'y aller voir ! Les nôtres, ce va être dans l'ordre, la mosquée, l'Alcazar célèbre pour son siège durant la guerre d'Espagne, une vue intérieure de la cathédrale, une porte (elles sont nombreuses) et une église parmi tant d'autres.
Et voici la récompense ... La vue de Tolède depuis la terrasse du bar du parador où chacun déguste son thé (belge pour Robert !). Mais avant ...
A Burguillos nous perdons les traces et nous finissons par 14 kilomètres au bord d'une route avec de part et d'autre des villas grillagées. Les bas-côtés sont larges et herbeux mais, que c'est long ! Après nous être désaltérés nous continuons, toujours sur la route qui plonge vers le tage et remonte ensuite en ville. Nous n'avons sûrement pas fait au plus court ! Le bilan de la journée tourne autour de 40 kilomètres. La gare routière, où nous allons prendre le bus pour rentrer à Mora, est bien entendu de l'autre côté de la ville. La visite approfondie, ce sera pour demain.
A 7 h 30 nous sommes en sortie de ville et c’est toujours nuit noire. Nous restons donc sur la route au lieu de prendre le chemin dans les champs. C’est une grande ligne droite de 3 kilomètres et après le passage supérieur du TGV, nous atteignons Mascaraque le premier village. Ensuite, tout au long de notre progression vers Almonacid de Tolédo nous avons son château en ligne de mire (une vue aérienne trouvée sur internet).
A Almonacid, nous trouvons une supérette ouverte et, selon nos habitudes, achat et dégustation immédiate de yaourts avant de poursuivre.
Et nous voici installés, pour deux jours, dans notre hôtel à Mora ville de 10 000 habitants à 30 kilomètres au sud de Tolède. Au diner, nous avons une longue conversation avec un monsieur de 92 ans. Emigré en France à l’âge de 10 ans avec ses parents, il a vécu à Cambrai et visite en ce moment sa famille d’Espagne. Il a eu en France une boutique de fabrication et vente de crèmes glacées et c'est l'un de ses petits-fils qui a pris la succession. Ses 2 filles ont fait des études. L’une est (ou était) principal de lycée et l’autre a fait du droit et vit avec lui depuis qu’elle est en retraite. Une belle saga familiale avec l'ancien qui revient "au pays" et est hébergé par ses nièces qui sont les patronnes de l'hôtel.
Théo, que nous retrouvons, est un fervent du chemin, c’est un catholique convaincu, bénévole pour sa paroisse dans les enterrements et suivis de deuil. Il est flamand et parler français ne lui pose aucun problème (l’espagnol non plus d’ailleurs).
Le chemin du jour vers Mora nous fera découvrir deux types de paysages. Au début, ce sera une grande ligne droite légèrement ascendante en terre agricole cultivée de type "meseta". Ensuite le paysage change. Ce sont maintenant des montées et descentes en terrain sableux, et des étendues d’oliviers sur une terre rouge ou dans des champs de cailloux. C’est vallonné et plus tortueux. Nous contournons certains mamelons et en traversons d’autres avec en point de mire le castillo de Mora au sommet d’une crête rocheuse.
En cours de parcours, nous quittons notre Camino del Sureste pour emprunter le Camino de Levante qui passe à Mora. A noter que depuis Albacete ces deux chemins sont soit communs soit ont des parcours très peu différents.
Pourquoi allons-nous à Mora ? C'est parce que, lors d'un passage à l'office de tourisme d'El Toboso nous avions appris qu'il n'y avait plus aucun hébergement libre à Tolède pour cause de semaine sainte. Ce sera donc deux nuits à Mora et un aller-retour bus pour faire le parcours intégral.
Au café, à 7h30, nous sommes surpris par le monde qui s'y trouve. Il y a beaucoup de jeunes, et il semble y avoir beaucoup d’agitation en ville. A 8h, alors que nous nous préparons à partir, le son des tambours et de la fanfare nous font changer de chemin. Une nouvelle procession arrive, avec beaucoup de personnes en habits de "pénitents" violets, noir ou blanc, masqué, ne laissant voir que les yeux, et avec chapeau pointu s’avancent vers l’église. Ils ramènent à l’église les statues qui sont sorties la veille. La foule, avec en queue de cortège le prêtre et un militaire en habit, s’engouffre dans l’église ils ressortent presque aussitôt. Ce fut donc un départ spectacle.
Quelques photos à cliquer bien sûr (de qualité médiocre compte tenu de la faible luminosité).
Et voici les moulins que nous avions vus de loin en arrivant. Ils sont deux, bien entretenus et magnifiés par la lumière déclinante. Avec un peu d'imagination, on peut imaginer une campagne qui en était probablement couverte.
A 21h, sur la place de l’église, la fanfare retentit (surtout des tambours) et petit à petit les chars avec les statues du Christ des Rameaux en croix, la croix sans le Christ et la descente de la Croix dans les bras de la Vierge sortent de l’église, portés puis roulés ils défilent dans un silence relatif à travers la ville ; folklore ou religion ?
Le temps est frais et nuageux. Nous faisons beaucoup de bords de route et la première photo de la journée sera pour ces moulins, proches de Tembleque (notre étape du jour). Nous irons les voir de plus près en fin d'après-midi.
Tembleque possède une "plaza Mayor" tout à fait exceptionnelle au niveau de sa taille et de son architecture. Ci-dessous, issue du Wikipédia espagnol une vue panoramique à 180° (une sorte de carré déplié !). Nous, on n'est pas équipé pour faire cela alors nous allons vous montrer la place morceau par morceau.
Nous partons à 6h 45 du gymnase et nous nous rendons au bistrot que nous connaissons déjà. C'est le quartier général de Manuel le responsable des sports et gestionnaire des pèlerins dont nous vous avons parlé hier. Il n’y a que des hommes…prêts pour partir dans les champs. Ils boivent un café ou un alcool. Les tracteurs sont à proximité. A la télé on nous montre les répétitions des processions prévues pour les fêtes pascales. Le jeudi et le vendredi saint sont feriés.
En arrivant à Villecanas, nous trouvons une ville morte. Tous les commerçants sont fermés. Au bistrot, ouvert tout de même, ils ignorent quels commerces alimentaires on peut trouver. Quelques personnes avec caddie vont dans la même direction, nous les suivons et découvrons un petit marché qui nous permet d’acheter le pique-nique.
"Manuel" est "encargado" (responsable du "déportivo"). Il est jeune, jovial et enthousiaste. Il est né à Bordeaux et parle parfaitement le français. Il nous offre un tee-shirt. Un cadeau embarrassant en début de séjour ou le poids du sac est calculé au plus juste. Nous partageons le vestiaire avec un belge "Théo", et un espagnol de Murcia "Antonio".
Nous échangeons longuement avec Antonio. Il a fait une année "Erasmus" à Nantes dans un campus. Il a beaucoup apprécié cette année d'échange avec des étudiants venant de divers pays. Il parle un bon français. Il a aussi travaillé en Slovaquie où il a rencontré des compatriotes vivant là depuis 8 années et ne parlant pas un mot de la langue ! Cela le choque. Il est fiancé et doit se marier en juillet et il aimerait bien faire le chemin avec "sa femme". Il est prof de math, et marche seulement une semaine, pour les congés pascals.
Le bar que nous indique Manuel sert les « desanuyos » à partir de 6h le matin, donc nous ne partirons pas à jeun demain ! Nous sommes dans un vrai bar à l’espagnole, en campagne, le sol est jonché de mégots de cigarettes, papiers, écorces de cacahuètes, le niveau sonore est très élevé. Nicole se dispense de ses prothèses auditives et se félicite, pour la circonstance, de sa mauvaise audition !
Ci-dessous : l'église de jour et de nuit, Théo et Robert et notre vaste chambre à coucher.
Une belle journée remplie d'échanges.
Au milieu des ceps de vigne, non encore développés en cet endroit, et après avoir traversé le village de La "Puebla de Almoradiel", nous arrivons à "Villa de Don Fabrique" terme de notre étape.
Petit village "normal" où nous arriverons juste à temps à la mairie pour obtenir une place au "deportivo".
Faute de bar ouvert, le petit-déjeuner va se faire à l'eau chaude du robinet ! Trois heures plus tard, au premier village traversé (Quintanar de la Orden) ce sera le petit-déjeuner andalou (café et tostadas con aceite y tomate).
En attendant ce moment béni, nous progressons sur un beau parcours, à "la fraîche", dès le lever du jour, sur de beaux chemins agricoles au milieu des oliviers et des amandiers en fleurs.
Fin avril 2010, nous voici de retour à El Toboso via le train de nuit Paris-Madrid, le métro et un bus local.
Vu l'accueil chaleureux de l'année dernière chez les soeurs, nous allons directement à notre hôtel "Dulcinea" où nous retrouvons d'ailleurs la même chambre.
La photo ? Un bâtiment sur la place centrale, bien dégagé en l'absence de feuillage et qui a belle allure.
Toujours "La Mancha", région peu vallonnée où la vigne et l'olivier dominent. Des villages avec plus ou moins de charme ou l'accueil et les contacts sont toujours chaleureux. Les hébergements vont de l'hôtel simple avec matelas défoncé au "deportivo" et ses tapis de judo plutôt raide.