DE CHEZ MOI, A ... CHEZ MOI, EN PASSANT PAR 

SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE 

Le dimanche 1er août 1999 

(jour N°93) 

de  Molinaseca à Rabanal-del-Camino 

Belle arrivée sur Rabanal   (1993) 

L 'accueil   (Nicole-2004) 

1 - voir le mardi 13 juillet (jour N°74) - 3ème alinéa. 

Le soir, l'hospitalera* vient encaisser trois cents pesetas par personne vers neuf heures du soir. Je lui fais remarquer, qu'elle vient chercher de l'argent mais n'est pas présente dans la journée alors qu'il y a des problèmes. Une Espagnole sera beaucoup plus vindicative et réclamera le cahier de réclamations qui semble-t-il existe dans tous les commerces en Espagne. A l'aller, déjà, le refuge municipal avait été entièrement réservé pour le groupe de la Bañesa. Pour le moins anormal ! 

A une heure moins le quart de l'après-midi, je suis à Rabanal. Le refuge privé est complet. Le refuge de la municipalité également mais une dizaine de lits sont retenus à l'aide de tapis de sol et il n'y a personne pour accueillir. Je fais part de mon indignation au responsable du gîte privé tout proche et pars au gîte des Anglais faire la "queue de sacs"*. J'ai toutes les chances d'y être admis compte tenu des critères de priorité appliqués (1). Quelques minutes s'écoulent et le responsable du gîte privé vient me rechercher en me disant que finalement, je peux m'installer au gîte municipal. Il a été voir l'Alcade* et celui-ci n'admet pas cette façon de retenir les lits. Je m'installe donc et pris d'une furie vengeresse je mets dehors tous les tapis de sol afin de permettre l'installation des pèlerins qui arrivent. Ceux qui avaient "retenu" se présentent après avec deux voitures. Ils font "grise mine", mais s'abstiennent de tous commentaires et partent ailleurs. 

Je prends mon repas au self (voir "souvenirs, souvenirs") en compagnie de trois Espagnols. Je tiens une bonne demi-heure, discutant de tout et de rien, plaisantant. Je suis agréablement surpris par ma relative aisance. Le fait d'être détendu et de ne pas être obligé de se faire comprendre pour quelque chose d'essentiel aide beaucoup je pense. La patience de mes interlocuteurs sincèrement intéressés par mon parcours fait le reste. 

A Manjarin, un refuge un peu particulier subsiste. Longtemps menacé de fermeture du fait des conditions d'hygiène "très limite", il semble s'être amélioré. En 1995, j'y avais bu un jus et j'avais même signé une pétition pour qu'il ne ferme pas. Il est maintenant peuplé de marginaux qu'on entend vociférer depuis la route. Cette situation est assez révélatrice d'une certaine dérive du "Camino".  

Le refuge "templier" de Manjarin 

A la Cruz-de-Hierro (ou de Ferro, au choix), il y a un "tipi indien". Une jeune femme, déguisée en indienne, avec un bébé de quelques mois, y vend de l'artisanat et des boissons tenues au frais dans un seau garni de glaçons. Elle se met sans aucun complexe les seins à l'air pour donner la tétée à son rejeton. Le phénomène "indianiste" semble se développer aussi en Espagne. Nous aurons l'occasion d'en reparler. 

Départ à six heures et demie du matin. Il fera très beau temps toute la journée. 

Dès mon départ, je croise un pèlerin qui arrive par la route (un probable départ de nuit). Je refais la même halte à El Acebo et, à la sortie du village un énorme chien, très vieux, me cherche des noises, à moi seulement, alors que quantité de pèlerins passent dans l'autre sens. C'est manifestement dû à mon sens de progression et le propriétaire en rit bien. Plusieurs croisements forts chaleureux ce jour. Un groupe d'Espagnols avec qui je plaisante longuement sur mon prochain voyage à Santiago qui se fera en voiture et dans des hôtels trois étoiles. Egalement un couple de Français âgés, de Vienne, qui font le chemin pour la quatrième fois depuis chez eux (aller simple). Le monsieur a soixante-quinze ans et appelle les "accros du Camino" les "fêlés de la coquille" ! 

"Rions un peu"  

  

A Rabanal, un habitant du village a appelé son chien "Trotski" !!!  Entendre dire "Trotski au pied" ça doit faire drôle ! 

 

 

"Souvenirs, souvenirs" 

Rabanal del Camino 

  

En 1977, quand Barret et Gurgand passent à Rabanal, il n'y a pratiquement rien. Je les cite : "Le village baigne dans le purin comme une tortilla* dans l'huile d'olive". De plus, ils se font escroquer honteusement quand ils finissent par trouver un hébergement. 

Lors de mon premier passage en 1993, le refuge des Anglais existe ainsi qu'un petit bistrot qui fait vaguement restaurant sur la place. Le village est très nature et la rue principale du village est encore en terre. Nous ne sommes pas très éloignés de la description de Barret-Gurgand. 

En 1995, cela commence à changer. Les rues sont maintenant bétonnées, un nouveau restaurant près de l'église et le petit resto de la place toujours présent. J'y mangerai avec les deux Jacques*. Dans l'après-midi, avec Jacques de Thionville nous descendons en contrebas du village et nous y découvrons un vallon vert (nous sommes en mai) d'une très grande beauté. 

1999, le bar de la place a été transformé en habitation mais le bar près de l'église est devenu un vaste hôtel, self, restaurant par rachat des maisons avoisinantes. Il y a maintenant trois refuges, des chambres d'hôtes et une épicerie. L'abandon de l'agriculture fait qu'il n'y a plus de chemin pour accéder à mon petit vallon vert qui aurait été couleur "roussie" de toute façon compte tenu de la saison. Ca se confirme, "tout fout le camp" !