TRAVERSEE DES ALPES 

LE CHEMIN EUROPEEN GR5/E2 

(de la mer du Nord à la Méditerranée) 

Beaufortin et Vanoise : du col du Bonhomme à Pralognan

Le responsable du refuge du col de la Croix du Bonhomme, compte tenu du fort vent qui souffle, nous conseille de ne pas emprunter la crête des Gittes mais plutôt de descendre jusqu'aux Chapieux et de prendre ensuite le GRP "Tour du Beauforatin", moins fréquenté, qui longe le torrent de "la Neuva".
La "crête des Gittes" était un chemin stratégique militaire, taillé en certains endroits dans la falaise, qui permettait aux troupes de circuler à l'abri des tirs ennemis (on était sur la frontière). C'est aussi beaucoup de souvenirs pour moi !
La photo ci-dessous, prise en 1989 alors que
je terminais un tour de la Vanoise "en solo", nous montre son début quand on y arrive par le sud.
Quelques années plus tard, alors que
je conduisais un groupe du Club Alpin sur le GR5, j'avais dû renoncer à l'emprunter dans l'autre sens du fait de la neige tombée abondamment les jours précédents. j'étais donc descendu aux Chapieux et avais emprunté la route jusqu'au "Cormet de Roselend" où se situe le refuge du plan de la Lai. D'autres randonneurs présents à la Croix du Bonhomme suivant les conseils du gestionnaire de l'époque, n'avaient pas renoncé et s'étaient trouvés obligé de passer au-dessus du chemin dans une neige profonde. A leur arrivée tardive au Plan de la Lai, ils répétaient en boucle, hébétés : "plus jamais çà" !
Une petite vidéo agrémentée de "la pastorale" de Bethoven va vous montrer ce qu'il en est de ce parcours magnifique et sans danger réel, si les conditions météo sont adéquates.

Notre parcours alternatif est un véritable enchantement. Par une montée régulière le long du torrent, au milieu des fleurs nous atteignons une zone plus rocheuse avec quelques névés ne posant pas de problème.
Sur la dernière photo (en bas à droite) on aperçoit, au fond, le bien nommé, col du "Grand Fond" que nous allons franchir.

Nous voici au col, on distingue bien le lac de Presset et à son extrémité le refuge du même nom où nous allons. La descente est raide et la photo de droite en témoigne !

Nous longeons une paroi avec des rochers de formes curieuses et découvrons de belles fleurs qui réus-sissent à s’incruster dans la pierraille omniprésente.

Nous voici au refuge où un groupe important a réservé pour plusieurs jours. Une partie randonne et les autres ... jouent aux cartes sur la ter-rasse. Nous, on nous attribue une tente à l'écart du bâtiment !
Le repas se fait en deux services. Le groupe est du premier et il faut attendre qu'ils aient fini de chanter pour passer à table. A peine fini notre repas "l'orage du siècle" quotidien se déclenche et il nous faut attendre pour regagner notre "guitoune".
Bonne nuit dans la tente secouée par le vent et « sorties techniques" dans l'herbe trempée.

Aujourd'hui nous faisons une longue étape de 27 kilomètres avec 1 700 mètres de descente et 840 mètres de montée (le kilométrage en montagne ne veut pas dire grand-chose !). Ce va être notre plus longue étape depuis le début de cette traversée des Alpes. C’est raide au départ et après le refuge communal de la Balme (diapo de 1989 ci-dessous) nous sommes sur un chemin carrossable. Avant d’atteindre la vallée de la Tarentaise nous serons sur sentier en balcon le long d’une bise désaffectée.

A Valesan nous pique-niquons devant l’église fermée. Nous ne verrons pas le retable (le voici sur ce lien ... pas terrible !). Ici se place un échange avec un ancien occupé à nettoyer une fontaine. Il a 80 ans et iI nous raconte qu’autrefois il n’y avait pas d’impôts locaux. Les travaux de voirie et d’entretien étaient fait par les villageois en fonction de leurs biens (une journée pour 2 vaches ou 7 moutons). Il a été ouvrier dans les champs et sur les barrages. Il est issu d’une famille de 8 enfants et il en a eu lui-même 6. Douze petits enfants au compteur (2 par enfant) ! Malicieux, il nous dit que maintenant il se trouve un peu raide pour sauter comme un jeune homme hors de l’abreuvoir qu'il est en train de récurer bénévolement.
Après un passage au bistrot pour nous "réhydrater", nous entamons la montée qui manque un peu de balisage et est plutôt fastidieuse. Arrivés au refuge de la Porte de Rosuel (c'est l'entrée du parc de la Vanoise) et après une douche extérieure et "intérieure" tout va à nouveau pour le mieux. Nous apprenons que c’est la canicule "en bas". Aujourd’hui nous sommes descendus à 900m et nous avons effectivement ressenti une certaine "touffeur". Depuis notre départ nous sommes le plus souvent autour de 2 000 mètres et nous ne ressentons absolument pas la canicule "d'en bas" ! Nos voisins de chambre ce soir sont deux jeunes d’Anemasse. Elle est prof, lui statisticien. Ils habitent Genève et l’an dernier ils ont marché dans les Rocheuses et ont vu beaucoup d’ours (pays aux grands espaces et ... peu d’hébergements).

"Grand beau, étape courte, splendide et arrivée au refuge à midi". Voila qui résume notre étape du jour.
Nous sommes accueillis par la gérante du refuge du col du Palet par un "déjà" peu amène !  Mais tout se passera pour le mieux après.

Dans l’après-midi nous allons voir le départ de demain vers Tignes, puis nous montons sur la crête des Vés où nous avons une vue panoramique sur les glaciers (nombreuses photos de rochers bizarroïdes et d'un grand glacier regroupées dans un Diapora-ma). Enfin retour au refuge après avoir fait le tour du lac du Grattaleu.

Avant de passer à table nous avons notre traditionnel orage. Tellement tra-ditionnel que Nicole ne l'a même pas noté !
Nous passons une soirée sympa-thique avec des jeunes. Malgré une merveilleuse installation confortable, la nuit est plus difficile car … il y a un avion à réaction dans le dortoir !

Nous démarrons avant 7h00 et descendons par les pistes de ski  vers Val Claret. L'arrivée est assez hallucinatoire : un flot de "Martiens" se dirige vers le "métro" (un téléphérique souterrain !), engoncés dans des combinaisons intégrales, chaussures de ski aux pieds (c’est ce qui leur donne cette démarche  de cosmonautes) et planches sur l‘épaule. C'est le ski d’été à la Grande Motte qui se pratique le matin avant l’arrivée du soleil.
On n'a pas fait de photos. Dommage !

Après un petit temps de repos au col pour reprendre notre souffle et admirer le paysage nous cheminons autour de 2 500 mètres un bon moment entre névés, cailloux, fleurs et petits lacs avant de descendre sur le refuge de la Leisse. Sa toiture neuve est bordée de cuivre qui étincelle au soleil. Les gardiens sont en "portage" alors, c'est fermé. Nous n’aurons donc pas notre « petit jus" avant l’arrivée.

Nous remontons ensuite le long des télésièges jusqu’au col de la Leisse. Le rythme soutenu met Nicole un peu hors souffle …

Depuis le  Val Claret nos sommes sur le GR 55. Nous faisons une variante afin de rendre visite à notre ami Jacques à Pralognan. Nous allons présentement au refuge "d'Entre deux Eaux", contournant à l'occasion des névés sur le point de s'écrouler.
Au pont de Croé-Vie nous bifurquons de quelques centaines de mètres pour rejoindre notre hébergement idéalement situé de part et d'autre des GR 55 et 5. Ce refuge accessible par la route est donc bondé de familles qui montent en bus pour passer une "nuit d'aventure" en altitude. L'ambiance est bonne et il convient de dire que si les refuges n'avaient pas cette clientèle disons "un peu moins expérimentée", ce n'est pas la seule clientèle des "randonneurs au long cours" qui les feraient vivre. En clair, on se traînerait une tente où … on passerait ... en bas !

A peine 7h00, notre refuge est encore à l'ombre alors que la montagne est déjà inondée de soleil.

En arrivant au col de la Vanoise où se situe le refuge Félix Faure, une marmotte, très digne, traverse devant nous sans se presser.
Le refuge a fait provision de pain. Apparemment, ils attendent du monde !

Nous bénéficions d'un panorama de première grandeur avant de descen-dre vers le "lac des Vaches" et son remarquable gué en dalles de lauze.
Nicole semble ici marcher sur les eaux mais, … un autre l'avait fait bien avant elle !

Et c'est par des alpages verdoyants que nous arriverons chez Jacques à Pralognan. Nous y prendrons un jour de repos.

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